Renaissance

Je fais partie de ces lecteurs que DC a perdu en cours de route depuis Flashpoint. L'event en lui-même, bien que longuet, proposait quelques bonnes idées (la guerre Atlantis/Themyscira par exemple), et aurait eu une autre place dans la mémoire des lecteurs s'il n'avait pas abouti au New 52. Car l'univers DC rebooté de 2011 a réussi a créer un vrai paradoxe, et pas du genre temporel : faire un appel d'air de lecteurs, tout en les faisant fuir. Avec Rebirth, le pari est de faire revenir les anciens lecteurs qui se sont détournés. Pari réussi ? Il faudra voir les chiffres sur la durée, mais pour ma part c'est gagné.

Revenons en 2011. Flashpoint s'annonce au départ comme un crossover habituel : monde alternatif, alliance de héros contre une menace commune, combat final et retour au status quo. DC en profite pour annoncer en mai 2011 une remise à zéro des compteurs sur toutes les séries pour le mois de septembre à la fin de l'histoire. Là encrore rien de neuf, l'effet à court terme des relaunches est connu depuis bien longtemps, que ce soit chez Marvel ou DC, et certaines séries sont arrivées à un nombre ridicule de volumes. Mais Flashpoint se distingue par sa refonte de la continuité DC en "soft reboot" : certains personnages gardent une part de leur historique (Batman et Green Lantern) tandis que d'autres sont recréés de toute pièce (Superman, Green Arrow...). L'annonce de ce nouveau "Crisis" plus de 25 ans après le fameux reboot de DC de 1985 est un évènement, et de nombreux lecteurs (dont moi) se jettent sur les #1 pour découvrir ce que sont devenus leurs héros. DC arrive en tête des ventes de septembre 2011 (8 places au top 10), et Justice League #1 est réimprimé quatre fois.

Malgré un excellent démarrage, les ventes retombent assez vite. L'essoufflement après un relaunch est un phénomène bien connu. L'effet "#1" marche généralement le temps de 2-3 épisodes (le temps des pré-commandes), puis les ventes reviennent au niveau d'avant la renumérotation. Mais dans le cas du New 52, j'ai surtout eu l'impression que les scénariste ont appri le reboot au dernier moment (voire en même temps que le public), qu'il n'y a eu aucune coordination entre les différentes séries, aucune règle commune... bref un plantage éditorial, une gesticulation dans l'urgence. J'ai bien tenté de m'accrocher pour laisser leur chance aux auteurs, mais j'ai baissé les bras par incompréhension devant certains massacres (les Titans, la JSA, Hawkman, Superman, Wildstorm...). J'ai bien essayé de reprendre le train en marche pendant Death of the Family, Trinity War, Forever Evil, Future's End, Convergence... A chaque #1, j'ai rejeté un oeil. J'ai surtout attendu en vain que DC admette son erreur et fasse marche arrière pour restaurer l'univers pré-Flashpoint.

Autant dire que j'étais plus que sceptique au moment de l'annonce de DC Universe Rebirth. Un relaunch de tous les titres au #1 après un event cosmique écrit par Geoff Johns et centré sur Flash ? Quel bonheur... Et au final quelle bonne surprise ! Johns, ex-scénariste dans les années 2000 de la JSA et de Superman: Secret Origin, semble y reconnaître l'erreur du reboot de 2011 et faire du pied aux lecteurs déçus par le New 52. Plus question d'effacer la continuité, la nouvelle formule permet, par le truchement de nouveaux pseudo-mystères semi-intéressants, de garder le meilleur des mondes et de fusionner les univers pré et post-Flashpoint (là ou Convergence avait échoué). Les grands gagnants de cette remise à plat sont Wonder Woman, Superman et Nightwing. Pour Dick, c'est la fin de l'exil imposé depuis Forever Evil, il peut enfin revenir dans la Bat-Family. Et les fans de Diana vont retrouver la Wonder Woman telle que décrite par George Perez, sans effacer totalement la période Azzarello.

DC Rebirth a donc bien réussi sa mission : réconcilier le lecteur avec la maison DC. Il est encore trop tôt pour savoir si les lecteurs vont rester au delà des premiers épisodes. Mais la qualité est au rendez-vous, et pour ma part je compte rester voir ce que vont écrire Christopher Priest, Sam Humphries, Peter Tomasi et Tom King.

Posté par Leto le 07/08/2016